Les artistes naïfs au musée Mayol
Jan
2020
Aujourd’hui, je vous parle de ma dernière excursion pour aller voir l’exposition sur les artistes naïfs au musée Mayol.
Tout d’abord une petite définition pour commencer l’article. Sont dit « naïfs » des peintres qui évoluent en dehors de tout parcours académique, en décalage avec les courants artistiques de leur temps. Leur peinture est reconnaissable par leur aspect « naïf », enfantin, dû au fait qu’ils ne respectent pas, volontairement ou non, les trois règles de la perspective occidentale. Mais si vous voulez vraiment rentrer dans l’univers des naïfs et comprendre leur démarche, je vous recommande ce magnifique film « Séraphine » qui raconte l’histoire de l’artiste naïve Séraphine de Senlis.
D’un point de vue purement artistique, j’aime beaucoup les peintures naïves. Je les trouve très « décoratives ». J’aime leurs aplats de couleurs vives, nettes et la précision chirurgicale de leur dessin. Je les trouve très modernes aussi. A l’époque, ils étaient boudés par la critique, pourtant, aujourd’hui, certains de leur tableaux paraissent beaucoup plus contemporains que certains cadors qui avaient le vent en poupe à l’époque.
En second, j’aime ce qu’elles dégagent. Leurs « imperfections » les rendent très touchantes. Elles parlent autant pour elles que pour leur auteur. On devine l’humilité de ces peintres qui n’hésitaient pas à réaliser des peintures qui criaient haut et fort leurs lacunes techniques (à une époque ou l’académisme était la règle) et l’anti-conformisme de ceux qui choisissaient sciemment de le faire.
En effet, la plupart de ces peintres exerçaient des métiers modestes, (Séraphine était femme de ménage et le douanier Rousseau était facteur) et pratiquaient la peinture pendant leur temps libre. Ils n’avaient probablement pas l’ambition de percer (du moins au début) et leur réussite tient davantage à un concours de circonstances hasardeux qu’à une ambition farouche. Ainsi, chaque peinture transpire ce geste gratuit, désintéressé et passionné qui est à l’origine de sa réalisation. Peindre pour peindre.
Comme le montre l’exposition, c’est grâce à la détermination de Wilhelm Uhde que tous ces artistes sont aujourd’hui reconnus. Je vous laisse vous renseigner sur ce brillant visionnaire et je m’en vais vous montrer mes coups de coeur.
J’ai une petite préférence pour les fleurs. J’aime particulièrement leur façon de représenter la nature. On dirait des papiers peints.
On connait tous Séraphine Louis et le douanier Rousseau, mais cette exposition met en lumière d’autres artistes naïfs moins connus, mais très intéressants comme Camille Bombois qui fut ma découverte, et mon coup de coeur de la journée. Ce qui est drôle c’est qu’il est né à Venarey-les-Laumes, un bled paumé à 4 minutes de la maison de mes parents en bourgogne.
J’adore la frise sur ce tableau.
Le travail de Séraphine est très particulier et reconnaissable entre mille. C’est un peu agressif, mais très beau je trouve.
Les visage sont très impassibles. Je pense que c’est vraiment là qu’on voit leurs lacunes techniques. En même temps, je comprends. J’ai fait des années de dessin de nu et je ne suis toujours pas capable de dessiner un visage. C’est ce qu’il y a de plus dur.
Je crois que celui-là est mon préféré 🙂
Si ces quelques peintures vous ont mis l’eau à la bouche, vous avez jusqu’au 23 février pour aller voir les artistes naïfs au musée Mayol. Vous en repartirez des couleurs plein la tête et du baume au coeur.
Et puis, surtout n’oubliez pas, si vous avez envie de faire quelque chose et que vous pensez que vous manquez de technique, oubliez les règles et créez-vous les vôtres. On ne sait jamais, on pourrait bien vous retrouver au musée dans quelques décennies :-). La grande leçon des naïfs, c’est ça !