La cité internationale de la tapisserie d’Aubusson
Oct
2019
Aujourd’hui, c’est lundi, c’est tapisserie, et je vous emmène visiter la cité internationale de la tapisserie d’Aubusson, un spacieux musée qui a été créé en réponse à l’inscription en 2009 des savoir-faire de la tapisserie d’Aubusson au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Même si Aubusson se trouve dans une région déserte, et pas très glamour, la Creuse n’en est pas moins une très jolie ville pleine d’intérêts qui compte 6 siècles d’histoire de la tapisserie.
Je commence cet article par « mon best » : Ce cheval qui se trouve à l’entrée du musée et que je trouve magnifique.
C’est un musée très intéressant, car il englobe la tapisserie sous tous ses aspects. Il parle d’histoire, mais n’omet pas tous les aspects techniques. Alors, si, comme moi, vous aimez savoir le pourquoi du comment, vous allez être servis. Toutes les étapes de la tapisserie, du ramassage de la fibre, au tissage (filage, teinture, tissage…) sont expliquées en détail, en image, et en vidéo.
Je l’ignorais, mais les tapisseries se tissent sur l’envers. Ci-dessous : l’envers d’une tapisserie en plein tissage avec tous ses noeuds.
Le musée présente beaucoup de tapisseries contemporaines, mais c’est aussi l’occasion d’admirer des tapisseries anciennes avec leurs bons vieux millefleurs et bestiaires fantastiques.
Dom Robert (moine bénédictin auteur de pas moins de 150 cartons de tapisserie) a été l’une de mes deux grandes découvertes de la journée. Dans ses tapisseries, des animaux de basse-court (son thème de prédilection) se perdent dans de joyeux millefleurs (motif caractéristique de la tapisserie). Il y a quelque chose de naïf et de gai dans son travail qui me plaît beaucoup.
Jean Lurçat est mon autre grande découverte de la journée. Il a un style caractéristique très « piquant », parfois un peu agressif (à mon goût), mais qui n’en est pas moins intéressant. C’est un peintre, céramiste et créateur de tapisserie considéré comme le chef de file du renouveau de la tapisserie au XX ème siècle. En effet, il a cocréé la biennale de la tapisserie à Lausanne (1962 à 1995), qui a non seulement été le théâtre de la révolution de la tapisserie mondiale, mais qui a aussi permis de poser les bases du mouvement planétaire « le fiber art » qu’on connaît aujourd’hui. Jean Lurçat rénova aussi en profondeur le « langage »de la tapisserie française.
Ce musée aura aussi été l’occasion pour moi de découvrir les illustrations de l’auteur du Seigneur des anneaux : J.R.R. Tolkien (dont j’ignorais qu’il dessinât). La cité internationale de la tapisserie d’Aubusson a signé une convention avec le Tolkien Estate pour réaliser une série de 13 tapisseries, et un tapis tiré de l’oeuvre graphique originale de J.R.R. Tolkien.
J.R.R. Tolkien a commencé à dessiner et à peindre enfant, et a continué tout au long de sa vie. Son dessin présente des caractéristiques graphiques propre à la tapisserie (grands aplats de couleurs, dessins entourés de bordures) qui en font un support idéal de diffusion.
Christmas 1928 – Reproduction d’après l’original de J.R.R. Tolkien – 1928
Il y a aussi la possibilité d’aller faire un tour au centre culturel et artistique Jean Lurçat d’Aubusson qui se trouve à 500 mètres de la Cité Internationale de la tapisserie d’Aubusson qui présentait, lorsque j’y étais, une exposition temporaire de tapisseries contemporaines présentées entre 1962 et 1969 aux biennales internationales de Lausanne de la tapisserie.
Voilà, j’espère que mon article, au mieux, vous aura inspiré, ou, au moins, aura aiguisé votre curiosité. Je ne suis pas sûre que vous ferez 5 heures de route pour vous rendre à Aubusson, mais, peut-être que si, un de ces quatre, vous vous faites un Paris-Montpelier, et que vous cherchez une petite halte entre les deux pour vous rafraîchir, vous repenserez à mes tapisseries. Si cet article vous a plus, n’hésitez pas à aller voir mon article précédent sur la tapisserie de la Dame à la licorne.