

Ça va mal ! Le niveau de ma cartouche descend si vite que j’ai la désagréable impression de perdre des paquets, un peu comme lorsque je viens de tirer de l’argent, et que quelques emplettes et quelques heures plus tard, il ne m’en reste plus rien.
Les cendriers débordent tous et mes aller/retour à la poubelle pour les vider s’accélèrent. Des récipients jusqu’à là réservés à d’autres usages commencent à s’improviser cendrier. C’est le début de la fin ! Je suis moi-même devenue une clope ambulante, puisque tous mes vêtements empestent la cigarette. Je ne sors plus de chez moi sans ma bouteille de Febreze dont j’asperge chaque cm2 de tissu, et qui remplace une partie de l’odeur par une douce senteur de naphtaline qui n’a rien de sexy. Mon bureau est recouvert d’une couche de cendre qui s’infiltre entre les touches de mon ordi (et téléphone…), et tous mes documents se teintent de gris. Gris, qui devient d’ailleurs ma couleur. J’ai le teint de Robert Pattinson dans Twilight, les cernes de Gainsbourg, et la poussière de cigarette en dépôt sur mes cheveux me donne un air de Marie-Antoinette.
Les clopes s’enchaînent sans que je m’en aperçoive jusqu’à devenir une extension de mon corps, comme un onzième doigt ou une deuxième bouche, ce qui, puisque j’allume la suivante avec la précédente, a l’avantage de m’économiser l’achat de briquets. Je ne parlerai pas des images immondes qui ornent mes paquets canadiens (autrement plus trash qu’en France, je vous assure) que je ne remarque plus depuis belle lurette (un peu comme le vernis amer après une dizaine d’essais infructueux), mais qui, à mon grand étonnement, continuent de produire leur petit effet dès que je sors mon paquet en public. « Mais cache ça, c’est horrible ! »