Il court , il court…

J’ai dégoté, il y a un an, dans un vide-grenier un petit haut en crochet blanc. La coupe est parfaite, et le motif en crochet est très joli, mais il a un petit air de napperon de cuisine pas évident. Ses manches sont courtes et évasées, genre patte d’eph, et j’avoue que j’ai du mal à assumer le mélange improbable beatnik/Groseille. J’avais essayé, au début de l’année, de le refourguer à une copine réalisatrice qui recherchait des sapes de cagoles pour un clip qu’elle réalisait dans le sud…en vain, et je ne l’avais jamais porté. J’ai remis la main dessus il y a quelques jours, et je me suis dit qu’il y avait peut-être moyen d’en tirer quelque chose.
Alors au moment où je l’ai pris entre deux yeux pour lui expliquer qu’on allait entreprendre un relooking un peu drastique, que je n’aimais pas son côté tacky, et que je voulais lui donner un peu plus de chic, il m’a traité de snob et de tyran. Il a hurlé qu’il s’aimait comme il était, qu’il était fait pour orner des poitrines de Loana, recouvrir des mains à manucures pailletées, des percings playboy, et des tatouages I love you, qu’il aimait être porté avec des oreilles de lapin roses, des jupes en skaï façon lézard, et des crogs, et que sa ressemblance avec les voilages de la Germaine qui regarde passer les voitures toute la journée ne le dérangeait pas du tout…au contraire. Il m’a dit qu’il ne voulait pas être, ni chic, ni branché, et qu’il préférait encore terminer recyclé en isolant textile plutôt que de perdre son âme. Ses caprices m’ont énervée, alors j’ai essayé de l’empoigner par la force, mais il se débattait ci-bien que j’ai bien mis 5 minutes à l’attraper.

Les photos suivent dans quelques jours.