Les loupés de la fashion week de Paris
Fév
2014
Je continue mes observations sur la fashion week de Paris. J’ai parlé il y a quelques jours des choses qui me plaisaient, mais comme il y a beaucoup plus de choses qui ne me plaisent pas, je vais parler aujourd’hui de celles-là. J’ai essayé de trouver un dénominateur commun à tout ces looks, et le mot que j’ai trouvé est « disharmonie ».
Ce que je recherche dans la mode, et je parle uniquement à titre personnel, c’est l’harmonie, harmonie dans la façon dont le vêtement a été conçu (ce qui relève du design pur), harmonie avec l’air du temps, ce que j’appellerais la modernité ou contemporanéité. Puis enfin, et c’est essentiel, j’attends du vêtement qu’il fasse un tout avec le corps de la femme pour le mettre en valeur, et non l’inverse.
Le premier look vient de Schiaparelli. La collection de cette marque mythique qui s’est interrompue il y a une cinquantaine d’années était très attendue. Mais, j’avoue que j’ai été assez déçue. J’ai eu l’impression de voir le défilé d’une école de mode. Il n’y avait aucune cohérence dans la collection, ce qui fait qu’on ne savait pas trop s’ils avaient choisi d’exloiter le thème burlesque, clown, smoking, romantique… Niveau coiffure, ça n’était pas mal non plus, il y avait de tout et n’importe quoi : des cheveux frisés orange en mode Sonia Rykiel, des cheveux raides bleus, bouclés blonds, des têtes rasées….
Certains de leurs looks sont plutôt réussis, mais tout le monde (enfin beaucoup de gens) sont capables d’imaginer un (ou deux) beaux looks. Mais le talent (et le rôle) d’un créateur n’est pas de concevoir les looks les uns après les autres séparément, mais d’imaginer une collection, c’est à dire « un bel ensemble de « belles » pièces » qui se complètent aussi bien esthétiquement que commercialement (du moins pour le PAP). Ceci implique d’avoir une vision globale que beaucoup de créateurs, et je l’observe souvent en regardant des défilés disharmonieux et décousus n’ont pas. Lorsqu’un architecte conçoit une maison, il ne va pas imaginer le salon sans prendre en compte ce qu’il a pensé pour la cuisine. Ce qui ne veut pas dire qu’il va concevoir les deux exactement pareil, mais il va s’arranger pour que ces deux pièces « aillent » bien ensemble. C’est pareil pour un couturier.
…et ce look ! Mon dieu ! Une veste de costume trop large, trop longue, pourquoi pas en-soi, mais portée avec cette jupe espagnole et….cette tête rasée. Et ça n’est pas fini, j’aperçois, pour couronner, le tout une tatane qui dépasse sous la jupe…un désastre !
En deuxième position, il y a Stephane Rolland. J’aime beaucoup ce qu’il a fait, il y a certaines robes que je porterais volontiers, mais il y avait cette robe blanche dans le lot que je n’ai pas vraiment comprise. L’asymétrie est un exercice difficile, certe, mais je trouve cet effet d’asymétrie-là complètement raté.
Voyez le délicat imprimé de Giorgio Armani privé qui a fait une collection esprit Jeanne d’arc en mode assez littéral. C’est à dire que je leur conseillerais plutôt de postuler à la comédie française, ou d’habiller des acteurs de rue pour des show de capes et d’épées. Pour la contemporanéité dont je parlais plus haut, on repassera !
Sur le dernier look, Vionnet nous a fait une petite interprétation moderne de Cruella. Dans le look de Giorgo Armani, il y avait quand même la forme de la jupe qui passait, mais là, je ne sais pas quoi dire tant tout est moche, couleur, forme…. La collection est plutôt pas mal, mais j’avoue que je n’est pas compris ce que cette série en noir et blanc venait faire dans la collection.
Sur l’image du haut, de gauche à droite : Schiaparelli – Stephane Rolland – Giorgio Armani Privé Vionnet